Yann Tiersen - Dust Lane
Yann Tiersen, ça commence à être un vieux de la vieille. Il fait des disque depuis déjà un bon bout de temps avec au passage quelques succès un rien empoisonnés comme la B.O. d’Amélie Poulain qui commence à lui sortir par les trous de nez. A cause de ce succès inattendu, Yann Tiersen s’est créé en France une base de fans un peu chiants. Du coup, il s’est mis à penser que la France était un pays de blaireaux et a commencé à regarder davantage à l’étranger : pour trouver un nouveau label, pour tourner, pour un peu tout. L’été dernier, il présentait Dust Lane à la Route du Rock (on y était et on avait aimé). Depuis, Dust Lane est sorti en disque et il était de passage à la Carène, à Brest, il y a deux semaines.
L’album
Dust Lane est différent du reste de la discographie de Tiersen. Sa musique y est plus directe, pas aussi froidement élégante que jadis. Sans renier son passé discographique, il est probable qu’Arcade Fire (Ashes), Lady & Bird (Chapter 19) voire les Strokes (le riff de Palestine ressemble vaguement à celui de Ize Of The World non ?) soient passés par sa platine. Le paradoxe des huit titres du disque est d’avoir un côté davantage “chanson” que d’habitude tout en étant tous assez longs (pas un morceau sous les 4:30), à contenir de longs passages instrumentaux richement orchestrés qui nous emportent dans des ambiances très différentes d’un morceau à l’autre, voire au sein d’un même morceau, tout en préservant l’unité de l’album. Jolie recette, exécutée avec maestria, qui aura fait de ce disque l’un de mes préférés de 2010.
Parenthèse sur le dernier titre Fuck Me, que je trouve très drôle en plus d’être très bon : un homme ou une femme, sous l’air de se conter fleurette, débitent des insanités à la Nolwenn Leroy («fuck me, fuck me, make me come again») mais finissent la chanson en laissant parler leur cœur («love me, love me, make me love again»). TM “trop mimi” voire TTM “trop trop mimi”.
Le concert
Retour à la Carène, une très jolie salle (du moins à l’intérieur) mais qui étouffe complètement le son du public, privilégiant ce qui vient de la scène avec un son impeccable : un mal pour un bien en quelque sorte.
En première partie, on a pu découvrir Nestorisbianca, un groupe de Vendôme dans le Loir-et-Cher. Ces gens-là ont beau pas faire de manière, leur musique est quand même savamment tarabiscotée : le chanteur/guitariste, le bassiste et le batteur assurent les bases mélodiques des titres, chantés avec énormément de flegme, tandis qu’un autre guitariste et un saxophone basse y entrefilent des sonorités bruitistes tout en évitant d’obtenir un résultat noisy insupportable mais plutôt un cousin rock belge à la dEUS, physique et torturé.
Le chanteur du groupe rejoint d’ailleurs Tiersen quand c’est au Breton d’arriver sur scène. On retrouve le même show qu’à St-Malo, en effectif plus limité, mais presque aussi beau. Deux parties bien distinctes (une première à ambiances, une seconde plus rock) sont articulées autour du morceau de bravoure de Tiersen, Sur Le Fil, toujours aussi impressionnant sur scène.
Le final est une version complètement déconstruite et barrée du thème d’Amélie Poulain, histoire de faire pleurer les susmentionnés fans mièvres. Bien fait pour eux-é-e-s.
Fin de concert. Fin de ce chemin de poussière. On ne s’est pas brûlé les yeux.