Les pionniers oubliés du rock français
Le rock français a toujours été le parent pauvre du Rock and Roll. Et pourtant ! Bien souvent, le vent de la révolte trouvait sa source dans les belles campagnes de France, avant de se transformer en tornade transgénérationnelle de l’autre côté de l’Atlantique. L’Encyclopédie Approximative du Rock and Roll rend hommage à trois de ces héros tricolores méconnus.
Le premier exemple date de 1955 : issu d’une famille de maraîchers de la banlieue nantaise, Richard Hommecentime, dit Le petit Richard, écume les radio-crochets des Pays de la Loire en tentant d’imposer, comme le vantait la réclame de l’époque, “une chanson pleine d’énergie et de vitamine C” : Mélange Multi-Fruits. Mais tout ceci était évidemment une manière dissimulée de populariser l’entreprise familiale qui fut trainée en justice et mise en banqueroute par les voisins mécontents de Hommecentime père.
Deuxième héros oublié : Charles Du Berry. Surnommé Charlot par ses copains, il passe son enfance à Issoudun ; dans le Berry donc, où ses parents tiennent le Pat’ à Pain de l’avenue du 8 mai. Voulant s’extraire du carcan familial, Charlie rêvasse en grattant sa guitare. Dans la deuxième partie des années 50, il compose quelques chansons dont J’écrase Beethoven, Mignon Petit Seize ou Soye Bon Jeannot. Mais ces titres ne rencontreront jamais l’écho suffisant, surtout à cause de l’accent berrichon et de la maîtrise de l’orthographe bien trop approximative de leur auteur, ce qui ne pardonne pas au pays de Molière.
Finissons avec un troisième rockeur français méconnu : Jacques Brun naît en 1928 ou 1932 (on n’a jamais vraiment su) à Nuits-St-Georges. Enfant, il est exploité dans les champs de vignes des puissants propriétaires locaux. Il est emprisonné 3 ans dans un centre de délinquants juvéniles, après une attaque à main armée. Puis, il se tourne vers une carrière artistique, tentant de concilier ses deux passions : la musique et Dieu. Il se déclare rapidement Parrain de la musique de l’Esprit. En 1964, un an avant son cousin d’Amérique, il interprète Je me sens bien, l’histoire d’un homme qui a trouvé la foi. Mais, en pleine vague yéyé, le titre est un bide.
Il y aurait encore tant et tant de compatriotes méconnus à citer ! Quid du Gros Dominique (appelé Domino par ses potes) ? Quid de Pote Houx (sans doute le nom de scène le plus mal choisi) ? La liste est bien trop longue pour l’Encyclopédie !